La vie chrétienne n’est pas un long fleuve tranquille – Les Actes

Par Yohann Tourne, Coordinateur Régional Centre-Ouest.

L’expansion du christianisme s’est parfois faite dans les larmes et le sang. Rien de tel que le livre des Actes pour casser le mythe d’une vie chrétienne placée sous le signe de la tranquillité.

Quand on lit les Actes des apôtres, on ne peut s’empêcher de se poser une question : comment l’Évangile a-t-il pu marcher ? En effet, l’Église qui évangélise efficacement et qui jouit d’une communion fraternelle merveilleuse, ça dure… quatre chapitres ! Ensuite, on peut lister les problèmes. En interne, Ananias et Saphira viennent casser le bel état d’esprit solidaire (chapitre 5) et il y a une manifestation de mécontentement des chrétiens d’origine grecque qui s’estiment lésés par rapport à ceux d’origine juive lors de la distribution des repas (chapitre 6). Ensuite Paul, lors de ses voyages, doit affronter un courant judaïsant qui voudrait imposer la circoncision aux nouveaux convertis et se brouille avec Barnabas, son ancien mentor (chapitre 15). Tout n’est pas rose à l’intérieur de l’Église naissante. En externe, Pierre et Jean se font battre/humilier (chapitre 5) et Étienne se fait lapider (chapitre 7) ! On avait commencé par une conversion massive mais là, ça tourne à la persécution et les chrétiens fuient Jérusalem. Ensuite, on a deux des trois disciples de Jésus qui sont arrêtés : Jacques est exécuté et Pierre, contre tout attente, est délivré. Plus tard, Paul est sans cesse poursuivi par des juifs qui l’obligent à abandonner de nouveaux croyants plus ou moins livrés à eux-mêmes. Il est plusieurs fois incarcéré, lapidé, obligé de travailler et d’enseigner pendant son temps de repos et enfin, comme la plupart des apôtres, il meurt exécuté.

Manifestement l’expansion du christianisme est tout sauf glorieuse ! Devant toutes ces difficultés, comment ces hérauts ont-ils fait pour tenir et persévérer dans leur mission ? On peut se poser la même question pour tous les chrétiens qui les ont suivis pendant deux siècles et qui ont très souvent fini brûlés ou déchiquetés parce que, quoiqu’il arrive, ils ne reniaient pas leur foi en Jésus ! Comment l’Évangile pouvait-il progresser alors qu’il était… mortel ?

Ces chrétiens savent trois choses :

1) Les problèmes font partie du « contrat » : Quand nous sommes déçus ou abattus devant une situation, c’est souvent parce qu’elle ne se passe pas selon nos plans. Pour les disciples, on peut être sûr qu’ils ne se sont jamais fait d’illusions sur les conditions de leur mission. En effet, ils devaient se rappeler que le Seigneur Jésus les avait prévenus : « Souvenez-vous de ce que je vous ai déjà dit : le serviteur n’est jamais supérieur à son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi » (Jean 15.20) En d’autres termes : la vie chrétienne, ce n’est pas des vacances ! C’est pour cette raison que les paroles de Paul et Barnabas aux Églises qu’ils viennent de fonder sont un peu étranges : « Ils fortifiaient les disciples et les encourageaient à demeurer fermes dans la foi. – Car, leur disaient-ils, c’est au travers de beaucoup de souffrances qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu. » (Actes 14.22) La méthode d’encouragement des apôtres était donc de dire à ces nouveaux convertis qu’ils allaient en baver un maximum ! C’est très intéressant car cela montre que le problème du découragement ne vient pas du fait que l’on rencontre des circonstances défavorables mais plutôt du fait qu’on n’avait pas prévu, qu’on refusait qu’elles le soient ! Au contraire, quand on sait que ça peut arriver, que c’est même logique que ça arrive, on est prêt… et on compte sur le Seigneur.

 

2) C’est le Saint-Esprit qui dirige : Les Actes des apôtres devrait s’appeler les Actes du Saint-Esprit ! C’est Lui qui ouvre ou ferme les portes et les cœurs ; c’est Lui qui met tout en place pour que la mission ait du succès. Bien sûr les apôtres ne sont pas exemptés de stratégie, d’enseignement, de longs voyages, de grandes dépenses de temps et d’énergie mais tout cela serait complètement inutile (peu de résultats durables) sans l’intervention miraculeuse de l’Esprit. Le rôle des disciples n’est donc pas de scruter les signes et se poser 500 questions avant de faire quoi que ce soit : ils doivent obéir aux ordres de Jésus et se laisser diriger par Son Esprit. Dans un autre contexte, pour encourager Timothée qui vit des moments difficiles en tant que pasteur à Éphèse, Paul prend trois images afin de souligner la pugnacité dont il doit faire preuve (2 Tm 2.1-7) : le soldat, l’athlète et l’agriculteur. Dans les trois cas, les conditions de travail sont dures et ingrates et l’on est obligé d’être très discipliné pour avoir un résultat. Le moindre relâchement mental constituera une faille qui entraînera une baisse d’activité, décevra l’officier, fera perdre la compétition ou donnera une maigre récolte. Nos émotions et nos sentiments sont souvent des pièges qui nous font oublier notre mission : obéir et faire confiance au Seigneur. Quelles que soient les circonstances, c’est notre volonté « dopée » par le Saint-Esprit qui fera la différence. Voulons-nous voir se manifester la puissance du Saint-Esprit avec des miracles et des prodiges ? Nous mettons-nous en danger en obéissant à Jésus et en faisant confiance au Maître de la moisson ?

 

3) La mort m’est un gain : Non seulement les disciples préfèrent la mission à la peur mais ils n’ont pas l’air d’avoir peur du danger. En effet, on voit Pierre et Jean être contents parce que Dieu les avait « jugés dignes de souffrir l’humiliation pour Jésus ». On voit Étienne énoncer un réquisitoire qu’on pourrait qualifier de « suicidaire » contre les juifs. On voit Paul et Silas chanter dans leur prison et enfin Paul aller prêcher l’Évangile à Rome sachant qu’à de multiples reprises, on l’a averti que cela finirait mal. C’est d’ailleurs probablement dans la ville éternelle qu’il écrit aux Philippiens que la mort est un gain pour lui (1.21). Nos pairs dans la foi étaient convaincus d’être du bon côté et ils étaient donc prêts à aller jusqu’au bout pour témoigner de leur foi. Cette espérance chrétienne de voir triompher le royaume de Dieu et de revoir Jésus après son dernier souffle avait un effet merveilleux qui provoquait des conversions massives.

 

Dieu n’est pas à notre service. Oh, nous le savons mais nous nous comportons souvent comme de petits enfants gâtés, pleurnichards et nombrilistes qui ont besoin de leur petit confort pour se comporter comme des chrétiens. Mais au contraire, quelles que soient les circonstances, ce qui compte c’est de continuer à Le servir. Nous avons été sauvés pour ça et c’est ça qui nous rendra heureux car ainsi nous ressemblerons à notre Seigneur Jésus. Alors courage ! Il a vaincu le monde !

 

 

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