Parabole du fils prodigue 1 : Interview du fils cadet

Vous avez été émus jusqu’aux larmes devant son interprétation de la célèbre parabole de Jésus, aujourd’hui nous recevons le Fils Prodigue !

Si vous ne connaissez pas (ou n’avez plus en tête) cette parabole, la voici suivie de notre interview exclusive :

– Un homme avait deux fils. 12 Le plus jeune lui dit : « Mon père, donne-moi ma part d’héritage, celle qui doit me revenir un jour. »
Et le père fit le partage de ses biens entre ses fils.
13 Quelques jours plus tard, le cadet vendit tout ce qu’il avait reçu et s’en alla dans un pays lointain. Là, il gaspilla sa fortune en menant grande vie. 14 Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays-là et il commença à manquer du nécessaire.
15 Alors il alla se faire embaucher par l’un des propriétaires de la contrée. Celui-ci l’envoya dans les champs garder les porcs. 16 Le jeune homme aurait bien voulu apaiser sa faim avec les caroubes que mangeaient les bêtes, mais personne ne lui en donnait.
17 Alors, il se mit à réfléchir sur lui-même et se dit : « Tous les ouvriers de mon père peuvent manger autant qu’ils veulent, alors que moi, je suis ici à mourir de faim ! 18 Je vais me mettre en route, j’irai trouver mon père et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre Dieu et contre toi. 19 Je ne mérite plus d’être considéré comme ton fils. Accepte-moi comme l’un de tes ouvriers. »
20 Il se mit donc en route pour se rendre chez son père. Comme il se trouvait encore à une bonne distance de la maison, son père l’aperçut et fut pris d’une profonde pitié pour lui. Il courut à la rencontre de son fils, se jeta à son cou et l’embrassa longuement.
21 Le fils lui dit :
« Mon père, j’ai péché contre Dieu et contre toi, je ne mérite plus d’être considéré comme ton fils… »

22 Mais le père dit à ses serviteurs :
« Allez vite chercher un habit, le meilleur que vous trouverez, et mettez-le lui ; passez-lui une bague au doigt et chaussez-le de sandales. 23 Amenez le veau que nous avons engraissé et tuez-le. Nous allons faire un grand festin et nous réjouir, 24 car voici, mon fils était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et je l’ai retrouvé. »
Et ils commencèrent à festoyer dans la joie.

25 Pendant ce temps, le fils aîné travaillait aux champs. Sur le chemin du retour, quand il arriva près de la maison, il entendit de la musique et des danses. 26 Il appela un des serviteurs et lui demanda ce qui se passait. 27 Le garçon lui répondit :
« C’est ton frère qui est de retour. Ton père a tué le veau gras en son honneur parce qu’il l’a retrouvé sain et sauf. »
28 Alors le fils aîné se mit en colère et refusa de franchir le seuil de la maison. Son père sortit et l’invita à entrer. 29 Mais lui répondit :
« Cela fait tant et tant d’années que je suis à ton service ; jamais je n’ai désobéi à tes ordres. Et pas une seule fois tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. 30 Mais quand celui-là revient, « ton fils » qui a mangé ta fortune avec des prostituées, pour lui, tu tues le veau gras ! »

31 « Mon enfant, lui dit le père, tu es constamment avec moi, et tous mes biens sont à toi ; 32 mais il fallait bien faire une fête et nous réjouir, puisque ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, puisqu’il était perdu et voici qu’il est retrouvé. »

 

CLB : Bonjour cher “Fils Prodigue”. Mais au fait, pourquoi vous appelle-t-on comme ça ?

FP : Bonjour. C’est à cause de ma “prodigalité”, je suis dépensier quoi ! Moi, j’ai jamais été un gars sérieux et travailleur comme mon frère. Par contre, j’aime m’éclater et faire la fête ! Vous savez, la vie est courte : l’argent qu’on a, il faut en profiter…

CLB : sauf que ça n’était pas votre argent mais celui de votre père !

FP : oui, et c’est bien pour ça que j’ai demandé ma part d’héritage. Je ne pouvais pas attendre. Je voulais pouvoir disposer de ses richesses selon mon bon plaisir, en décidant de vivre comme bon me semblait…

CLB : mais cet héritage, c’est après la mort de votre père que vous auriez dû le recevoir, pas lorsque il était encore en vie. 

FP : Je reconnais que j’y suis allé un peu fort et que les gens autour de moi ont pu être étonnés par ma démarche. Je ne me l’avouais pas comme ça, mais à l’époque j’aurais aimé que mon père soit déjà mort. En tous cas, je voulais vivre comme s’il l’était alors je lui ai demandé la part de l’héritage qui devait me revenir. C’est triste à dire, mais ce que je voulais, c’était posséder les biens de mon père sans m’encombrer de sa présence. Mon père n’était qu’un moyen pour atteindre le but que je m’étais fixé : me faire plaisir. J’ai donc demandé mon héritage.

CLB : Et après vous avez tout dilapidé…

FP : J’ai fait la fête pendant plusieurs mois… Sexe, drogue et Rock n’Roll, baby ! Mais bon, ça n’a pas duré…

CLB : surtout sans travailler !

FP : ouais… Et pile à ce moment là il y a eu une importante famine. J’ai été obligé de prendre le premier boulot venu pour survivre. J’en suis même arrivé à fantasmer sur la bouffe des porcs tellement j’avais rien à manger ! J’ai commencé à regretter ma vie d’avant. J’ai réfléchi, je suis revenu à mon bon sens et j’ai pris la décision de rentrer chez mon père.

CLB : C’était pas un peu facile de revenir comme ça, la bouche en coeur, après avoir tout gâché ?

FP : Ah, je peux vous assurer que non ! J’étais mort de honte… se retrouver devant celui qu’on a trahi, c’est tout sauf facile. Reconnaître qu’on s’est planté sur toute la ligne et demander pardon c’est pas un exercice très agréable. C’est pour ça que mon plan de retour contenait un deuxième volet : puisque j’avais piétiné mon statut de fils, j’ai postulé pour être un simple ouvrier.

CLB : En fait, vous avez appliqué ce que les rabbins disent : « lorsqu’on a lésé la communauté en se comportant d’une manière indigne, la seule manière d’être réintégré, c’est de présenter non seulement ses excuses mais aussi d’offrir une restitution ».  

FP : C’est vrai. J’espérais que mon père accepterait de me prendre comme ouvrier pour que je puisse recevoir un salaire avec lequel je pourrais commencer à le dédommager. Je pensais bien que je ne pouvais pas faire à nouveau partie de la famille après avoir déshonoré mon père. Je voulais rembourser comme je pouvais la dette morale et financière que j’avais contractée à son égard.

CLB : Mais votre père était tellement content qu’il n’a pas accepté cette proposition.

FP : J’ai bien essayé de dire à mon père les paroles que j’avais préparées et que j’avais apprises par cœur. Mais tout ce que j’ai eu le temps de dire c’est : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ». Il ne m’a pas laissé déployer la deuxième partie de mon plan. Il m’a empêché de dire que je voulais être son ouvrier pour pouvoir commencer à le rembourser. Oui, il m’a vraiment pardonné ! Maintenant, je vais être quelqu’un de bien, je vais travailler dur ! Plus pour le rembourser, mais pour lui exprimer ma reconnaissance éternelle…

CLB : Dîtes donc, vous êtes un homme nouveau !

FP : Oui, vous savez : quand mon père m’a pardonné, il y a quelque chose qui s’est passé à l’intérieur de moi. Je ne suis plus le même maintenant.

CLB : Et au final, vous préférez la fête organisée par votre père en votre honneur ou la fête que vous faisiez après avoir quitté la maison ?

FP : La fête que j’ai faite pendant des mois n’était pas une fête : c’était du n’importe quoi, c’était une parodie de joie, un défoulement de névroses, de l’égoïsme exacerbé. Non, la seconde fête, celle de mon retour, c’était autre chose : quand je suis parti je croyais que chez moi c’était ailleurs mais maintenant je sais que chez moi c’est ici ! Aujourd’hui c’est la fête du retour au vrai, au réel, c’est mon identité profonde qui refait surface. Franchement je peux dire que je suis vraiment heureux.

CLB : Merci monsieur ! La semaine prochaine, nous recevrons votre père.

 

 

 

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