100 % Jésus (1) : Petite vadrouille biblique

Jésus est 100 % Dieu, 100 % homme ! Il faut avouer, ce n’est pas banal. C’est même plutôt contre-intuitif, voire bizarre. On utilise souvent cette formule pour exprimer le fait que Jésus est pleinement Dieu et pleinement homme. Autrement dit, il n’est pas mi-homme mi-Dieu tel un Hercule. Ce n’est pas du 50-50 ni du 80-20 mais bien du 100-100.

C’est une affirmation fondamentale que l’Église a soutenue très tôt dans son histoire mais qui a fait l’objet de nombreux clash&buzz au cours des siècles. Qu’entend-on par là ? Jésus, la parole, était Dieu de toute éternité, à un moment précis de l’histoire, il s’est « incarné », c’est-à-dire qu’il est devenu un homme (tout en restant Dieu). Jésus est donc à la fois pleinement Dieu et pleinement homme. Dit négativement, ce n’est pas un Dieu mélangé à un homme comme pourrait l’être un alliage de deux métaux. Ce n’est pas non plus Dieu qui a une apparence d’homme (comme les dieux grecs qui vont visiter les êtres humains). Et ce n’est pas non plus un super homme qui a été divinisé. Jésus est autant Dieu que le Père est Dieu et il est autant homme que nous sommes homme (à part le péché).

Il s’agit ici d’affirmer que Jésus est une seule personne qui porte deux natures, qu’il y a une union de ses deux natures mais qu’il y a aussi distinction des deux natures, les deux natures ne se confondent pas ni ne se mélangent.

Essayons d’y voir plus clair en trois étapes. (1) En faisant une petite vadrouille biblique : où voit-on dans la Bible que Jésus est Dieu et homme. (2) Comment comprendre ce fait mystérieux de la double nature du Christ? (3) En pratique, qu’est-ce que ça change ?

Dans cet article nous nous limiterons à la première étape.

Jésus est Dieu

  • Dans l’Ancien-Testament

Dans l’Ancien-Testament déjà, on a quelques intuitions d’une intervention divine et surprenante annoncée. Dans le psaume 110, le texte le plus cité de l’Ancien-Testament dans le Nouveau, l’Éternel s’adresse à quelqu’un qui est le Seigneur de David, expression très mystérieuse. Ce Seigneur de David s’assied à la droite de Dieu et partage donc le privilège divin de siéger avec Dieu. On a l’impression qu’il y a deux personnes qui sont Dieu mais ça reste assez flou à ce stade. Ésaïe, lui, annonce la venue d’un enfant devant naître (És 9.5) qui se voit décerner certains titres divins comme « Dieu puissant » ou « père éternel » mais il s’agit d’un enfant de la maison de David.

Mais bien sûr, c’est dans le Nouveau-Testament que l’on trouve une profusion de textes affirmant explicitement ou implicitement la divinité de Jésus.

  • Preuves directes

Il y a des textes très clairs qui affirment directement que Jésus est Dieu. Tout est dit dans le prologue de l’évangile de Jean (Jn 1.1-18). Jean 1.1 « Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu ». La parole qui est clairement identifiée à Jésus, est non seulement Dieu, mais aussi pré-existante c’est-à-dire qu’elle existe depuis toujours (ce n’est pas la parole qui est devenue divine). À la fin de cet évangile, Thomas, le disciple un peu sceptique de Jésus, va s’exclamer, « mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20.28). On trouve aussi une belle formule de louange à Jésus dans Ro 9.5 qui est « au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. Amen! ». Dans Ti 2.13, Paul l’appelle « notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ ».

Cependant, si on discute, avec des courants qui nient la divinités de Jésus, ils vont parfois avoir une traduction de ces textes qui vont minimiser la pleine divinité de Jésus. Par exemple, Jn 1.1 « et la Parole était un dieu ». Mais il y a beaucoup d’autres arguments indirects qui montrent que Jésus est Dieu.

  • Titres divins

On retrouve de nombreux titres divins comme fils de Dieu ou Seigneur dans le Nouveau-Testament

Jésus est très souvent appelé « Fils de Dieu ». Or, cette expression peut avoir un sens fort (la pleine divinité) ou faible (un homme juste) mais dans Jn 5.18, le fait que Jésus appelle Dieu « mon père » choque les Juif qui y voient probablement une façon pour Jésus de se mettre au même niveau que Dieu. Pour eux, s’appeler « fils de Dieu », c’est bien se faire l’égal de Dieu et c’est grave (il projettent donc de le tuer pour ce sacrilège).

De même le titre « Seigneur » peut avoir un sens fort ou un sens faible, dans Jn 20.15 quand Marie prend Jésus pour le jardinier et l’appelle mon Seigneur, ça veut tout simplement dire « monsieur ». Mais quand Mc 1.3 cite És 40.3, qu’il applique à Jésus, c’est à lui (le Seigneur) que Jean-Baptiste doit préparer dans le chemin. Or si on regarde bien És 40.3, c’est clair que le Seigneur (l’Éternel) c’est Dieu.

L’expression « le Jour de l’Éternel » (ou jour du Seigneur) que l’on retrouve régulièrement dans l’Ancien-Testament est appliquée à Jésus dans 1 Co 5.5 et devient le jour de Jésus.

  • Attributs divins

On trouve aussi des attributs divins qui sont appliqués à Jésus comme l’omniprésence, le jugement ou le pardon des péchés :

    • Mt 28.20 « Et moi, Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » donc Jésus est omniprésent.
    • Jn 5.22 « Le père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au fils » le fils est donc juge mais c’est Dieu qui juge.
    • Mc 2.5 « Jésus dit au paralysé : Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés » Jésus peut pardonner les péchés or seul Dieu pardonne les péchés comme le remarquent les juifs (v7)
    • Col 1.16 « tout a été créé par lui et pour lui » Jésus est donc créateur du monde.
  • Prérogatives divines

Jésus est adoré dans Matthieu 14.33. C’est un accent qu’on retrouve en particulier dans l’Apocalypse où l’agneau est adoré (ch5) comme le père est adoré (ch4) alors que l’adoration d’une créature même céleste y est refusée (19.10)

Et comment ne pas mentionner l’œuvre divine fondamentale du Salut, accomplie par Jésus-Christ. Avec Jésus, Dieu réconcilie le monde avec lui-même (1 Co 5.19).

Dans Jean, il est intéressant de noter les passages qui développent les rapports entre le père et le fils. Jésus y affirment des choses qui sont blasphématoires si Jésus n’est pas Dieu. Par exemple, « honorer le fils, c’est honorer le père » (Jn 5.23), « celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jn 14.9), pire, deux versets plus loin il affirme : « Je suis dans le Père et le Père est en moi ». Avec ce genre d’expression, Jésus se fait l’égal de Dieu (Jn 5.18).

Dans Ex 3.14, l’Éternel se présente à Moise comme « Je suis », au 3ème siècle av. J.-C., les juifs ont entrepris de traduire la Torah en grec, à Alexandrie. Ils ont traduit cette expression « Ego eimi – je suis ». Or, on trouve cette expression dans la bouche de Jésus plusieurs fois. Mais celle de Jn 8.58 est particulièrement intéressante puisqu’il l’utilise dans une phrase au passé. « Avant qu’Abraham fut, moi, je suis »

Il y aurait bien d’autres textes à citer mais on peut dire sans hésitations que la divinité de Jésus dans la Bible est affirmée massivement et sans ambiguïté. CQFD

  • Des textes difficiles

Mais certains textes semblent nier la divinité de Jésus.

Co 1.15 « Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. » Si Jésus est le premier-né de toute la création, ça voudrait dire que Jésus est la première de toutes les créatures que Dieu a fait. La clé, c’est de bien comprendre la signification de premier-né. Dans la Bible, elle n’a pas toujours le sens habituel du premier enfant à naître. Par exemple dans le Ps 89.28, Dieu dit à propos de David, le cadet de 8 frères, qu’il fera de lui le premier-né et la suite du verset explique ce qu’il entend par premier-né : il sera le plus haut placé des rois de la terre. Premier-né peut donc avoir le sens de primauté et de domination. Dire que Jésus est le premier-né de toute la création, c’est affirmer sa suprématie sur toute la création. D’ailleurs si c’est une créature, c’est difficile de comprendre comment il a tout créé (v16) en étant lui-même créé. Mais s’il a tout créé, on n’a pas de mal à comprendre sa suprématie sur la création.

Mc 10.17-18 : Comme Jésus se mettait en chemin, un homme accourut et se jeta à genoux devant lui: « Bon maître, lui demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle? » Jésus lui dit: « Pourquoi m’appelles-tu bon? Personne n’est bon, si ce n’est Dieu seul. » Dans ce texte, Jésus semble nier sa toute-bonté et sa divinité. À l’inverse, on a ici un jeune homme qui a une conception un peu superficiel de la bonté. Jésus lui donne une réponse percutante pour le faire réfléchir. Jésus le reprend. D’un coté, le jeune homme ne considère sûrement pas Jésus comme Dieu et l’appeler « bon », c’est appeler un homme bon et c’est mal. Jésus lui pose la question « que veut dire être bon ? » D’un autre côté, cela place le jeune homme devant un choix radical pour considérer qui est vraiment Jésus : soit Jésus n’est pas bon, soit Jésus est Dieu.

Jésus est homme

Comment voit-on que Jésus est un homme dans la Bible ? Jésus a une généalogie, c’est un homme parce qu’il descend d’autres hommes (Mt 1.1-17, Lc 3.23-28). D’autres textes disent explicitement que Jésus est un homme, il a été fait homme (Jn 1.14) et il a partagé notre humanité (He 2.14).

Ensuite Jésus fait des choses que seul un homme fait. Il a faim et soif (Mt 4.2, Jn 19.28) donc il a un système digestif et a fait pipi et caca. Il est fatigué et a besoin de dormir (Mt 8.20).

Jésus avait des émotions, il a été joyeux (Lc 10.21), a pleuré (19.41), a éprouvé de la compassion envers les hommes dans leur misère.

Il a eu une confiance absolue en Dieu, sa vie de prière montre sa dépendance à l’égard de Dieu. Dans le jardin de Getsémané, on voit qu’il fait confiance à Dieu et adhère à sa volonté mais en même temps, il éprouve de l’appréhension à la perspective de sa mort. Jésus a donc eu foi en son Père.

Il a eu des amis plus ou moins proches, on voit très bien en particulier dans Jean qu’il était plus proche de certains de ses disciples. Il a un cercle d’amis proches au sein de ses disciples Pierre, Jacques et Jean, et même au sein de ce cercle, il semble bien que Jésus était plus proche de Jean, raison pour laquelle c’est à Jean que Pierre demande de poser une question à Jésus (Jn 13.24). On voit au verset 23 que Jean est littéralement « contre le sein de Jésus » c’est-à-dire qu’il est à la place classique d’honneur et d’intimité dans un banquet de l’époque.

Enfin, Jésus a saigné (Jn 19.34) et il est mort, or Dieu ne saigne ni ne meurt. C’est bien en tant qu’homme que Jésus meurt.

Après sa résurrection, Jésus continue d’être un homme. Il mange à nouveau (Jn 21.15), on peut le toucher (Jn 24.40-43). Paul précise que c’est bien un homme qui jugera le monde (Ac 17.31).

Jésus est donc également un homme CQFD.

 

P. Leray, Coordinateur Régional des GBU en Île de France

 

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