Exode 17.1-7 : Sauvés, et après ? (5)

17 Toute la communauté des Israélites partit du désert de Sîn pour ses étapes, sur l’ordre du SEIGNEUR ; ils campèrent à Rephidim, mais il n’y avait pas d’eau à boire pour le peuple. 2 Alors le peuple chercha querelle à Moïse. Ils dirent : Donnez-nous de l’eau à boire. Moïse leur répondit : Pourquoi me cherchez-vous querelle ? Pourquoi provoquez-vous le SEIGNEUR ? 3 Là, le peuple avait soif, le peuple maugréait contre Moïse. Il disait : Pourquoi donc nous as-tu fait monter d’Egypte, si tu nous fais mourir de soif, moi, mes fils et mes troupeaux ? 4 Moïse cria vers le SEIGNEUR : Que dois-je faire pour ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! 5 Le SEIGNEUR dit à Moïse : Passe devant le peuple et prends avec toi des anciens d’Israël ; prends aussi ton bâton, avec lequel tu as frappé le Nil, et tu t’avanceras. 6 Quant à moi, je me tiens là, devant toi, sur le rocher, en Horeb ; tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira. Moïse fit ainsi, sous les yeux des anciens d’Israël. 7 Il appela ce lieu du nom de Massa (« Provocation ») et Meriba (« Querelle »), parce que les Israélites avaient cherché querelle, et parce qu’ils avaient provoqué le SEIGNEUR, en disant : Le SEIGNEUR est-il parmi nous ou non ?

v 1-3 Fini de rigoler, tu es là pour nous servir, oui ou non ?

Peut-être que cet épisode  vous rappelle  quelque chose…. Deux chapitres plus tôt, une histoire un peu similaire s’est déroulée à Mara. La réaction des israélites se résumait en un verset (le 23). Ici, et alors que l’Eternel a pourvu pour l’eau à Mara ET pour la manne durant des années, le peuple, loin d’apprendre à avoir confiance, passe une nouvelle étape de mauvaise conduite : les versets 2 et 3 montrent qu’à travers Moïse, les israélites accusent Dieu, assez ouvertement ; c’est lui qui les a fait sortir d’Égypte, et c’est lui qu’ils savent à même de résoudre leur problème… mais qui ne le fait pas, selon eux. Ils ne doutent pas de sa capacité à agir mais plutôt de sa fidélité à sa promesse d’être là et d’agir pour eux. Ils remettent en cause sa bonté et se placent non plus comme des victimes de l’inconnu/du désert mais comme des accusateurs, à même de dire que Dieu n’est pas aussi bon qu’il leur avait promis. Ils se placent comme juge.

=> Combien de fois, en revivant des épreuves parfois déjà traversées, remettons-nous en question la présence de Dieu dans nos vies, ou du moins, sa bonté ? Quelle est la dernière fois que nous avons attendu des solutions comme si elles nous étaient dues plutôt que comme des bénédictions ? A quand remonte ma dernière remise en cause de la bonté de Dieu pour ma vie ? On passe par des déserts régulièrement, dans différents domaines de nos vies. Comment y réagissons-nous ? Quels sont nos premiers réflexes face à Dieu ? On peut également se demander si, tout comme le peuple, on fait subir ce mécontentement à des « intermédiaires », des personnes au service de Dieu. Quoiqu’il en soit, dans ces moments-là, il serait bon d’essayer de se rappeler qu’est-ce qui nous donne le statut de juge sur Dieu….

v 4-7 Vive les arc-en-ciel…

Moïse est un peu désespéré, il ne sait pas que faire pour, une fois de plus, montrer au peuple que Dieu est avec lui. Il a l’impression d’avoir épuisé les ressources des preuves qu’il pouvait donner… mais continue quand même de crier à l’Eternel pour qu’il lui apporte secours. Si lui aussi est en danger (pas tant par le manque d’eau qu’à cause de la colère des israélites), il ne remet pas en cause sa présence et son rôle dans le désert, auprès du peuple. Il n’accuse pas Dieu de ce qui arrive. Contraste flagrant !

Dieu, quant à lui, va lui apporter, une fois de plus, une solution. Il est intéressant de voir ce qu’il ordonne pour le miracle : la présence des anciens d’Israël (ceux qui devraient encore être bien au courant de la réalité de sa présence et de ses miracles) et que Moïse se serve du bâton avec lequel il avais « frappé le fleuve » : non pas que le bâton lui-même ait des facultés magiques, mais plutôt il a été, durant le mandat de Moïse comme dirigeant du peuple, un moyen par lequel Dieu a montré sa puissance à maintes reprises (Ex4.17 l’annonçait, quand Dieu annonçait à Moïse « tu prendras ce bâton en main, et c’est avec celui-là que tu accompliras les signes miraculeux »). C’est par lui qui Dieu a ouvert la mer lors de la fuite d’Égypte après avoir été utilisé également pour amener 3 des plaies sur l’Égypte ; ce que l’Éternel semble donc chercher à promouvoir avec cet objet, c’est le souvenir. Le souvenir de sa puissance au service de son peuple.

 => Pourquoi résumer les v4-7 par « vive les arc-en-ciel ? » Parce que Dieu, fidèle à sa promesse faite à Noé et alors qu’il aurait eu maintes raisons de s’énerver au point d’arrêter de sauver le peuple d’Israël (et nous-mêmes) et de le laisser mourir, reste patient, bien plus que n’importe lequel d’entre nous ne saura jamais l’être. Alors que nous devrions frémir lorsque nous remettons en cause l’amour et la bonté de Dieu à notre égard, quand nous lui attribuons des idées de volonté de nous faire souffrir par des épreuves, il reste patient. Il a accompli ce qu’il avait dit, il a souffert en offrant Jésus, en le laissant mourir pour justement nous empêcher de le rester spirituellement nous-mêmes. Quand on passe par des temps difficiles, ce n’est pas par cruauté divine : il souffre avec nous. Bien plus, c’est plutôt nous qui pouvons le faire souffrir par nos doutes ou quand nous osons (de quel droit ?) le mettre à l’épreuve. Je crois que la seule mise à l’épreuve acceptable est celle du non-croyant, qui, en recherche, demande à Dieu de se manifester, et qui accepte de le voir. Une fois la foi présente, la mise à l’épreuve ne flatte pas, elle blesse. Quand je crois que je peux me permettre de demander à Dieu des comptes, c’est que j’ai oublié qui je suis et qui il est. C’est que c’est plutôt à MOI de lui en rendre.

 

Dans notre passage, l’accent n’est pas mis sur le miracle en lui-même. Il n’est même pas décrit directement. Ce sont les réactions qui sont soulignées : le peuple, présomptueux, s’établit comme juge de l’action de Dieu. Moïse, désemparé, continue de s’en remettre à l’Éternel et à lui obéir. Dieu, patient, montre une fois de plus sa présence, sa bonté et sa puissance, et utilise la mémoire collective pour les mettre en garde, très probablement.

Isabelle Veldhuizen

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