Avancer dans le brouillard de l’incertitude ?

Un brouillard d’incertitude

Confinements, déconfinements, cours annulés, prof absent, examen en distanciel, dates reportées, accès aux lieux culturels, aux magasins, aux lieux de culte, rencontres avec nos amis et notre famille… Depuis deux ans maintenant, les changements imposés font partie de notre quotidien et nous poussent à nous adapter chaque jour à des imprévus que nous ne maîtrisons pas. Dans ce contexte où la journée courante est imprévisible, nous pouvons nous sentir paralysés. Comment prévoir le lendemain ? Comment prendre des décisions pour notre avenir ? Comment faire des projets ?

Un brouillard paralysant

Lorsque nous sommes joyeux, nous sommes plein d’entrain et d’énergie pour nous engager dans toutes sortes d’activités. Nous voyons l’imprévu comme une chance à saisir et sommes prêts à nous lancer sans pour autant avoir lu l’avenir.

A l’inverse, il peut arriver d’être excessivement inquiet à propos du futur. Certaines personnes sont plus anxieuses que d’autres du fait de leurs expériences passées et de schémas qui ont forgé la construction de leur personnalité. Mais l’anxiété peut aussi augmenter selon la situation que nous traversons. Il nous arrive alors d’envisager toute nouveauté ou tout imprévu comme un risque… qu’il vaudrait mieux éviter. Pour éviter les pires conséquences, quoi de mieux que ne rien faire ?

Un brouillard d’inquiétude

Ainsi, face à l’incertitude, des pensées automatiques surgissent et les inquiétudes se succèdent : « Et si tel malheur m’arrivait ? », « Et si j’avais pris la mauvaise décision ? », « Et si tel malheur arrivait à un de mes proches ? », « Peut-être que je ne vais pas y arriver ? », « Il est possible que tout soit annulé et que tous mes efforts soient vains ! » Ces pensées se multiplient et se répètent, nous évitant de ressentir pleinement l’anxiété. D’autres mécanismes d’évitement cognitif se mettent en place : se faire rassurer par un proche, se parler à soi-même ou se distraire en pensant à autre chose. Ils ont tous pour effet d’apaiser momentanément l’anxiété, mais de l’amplifier à long terme.

Un brouillard qui s’épaissit

Face à nos préoccupations, une réaction courante consiste à chercher à se rassurer en s’informant. Par exemple en se documentant au maximum sur la situation, en demandant leurs avis à nos proches, en cherchant à anticiper les imprévus en regardant les informations très régulièrement. La seconde étape consiste à argumenter à partir de nos nouvelles connaissances pour tenter d’invalider les inquiétudes. Ces réponses aux préoccupations nous servent à apaiser le soucis un court instant, mais ne sont jamais suffisantes pour satisfaire notre recherche de certitude. Ainsi, l’inquiétude réapparaît de plus belle et s’intensifie avec le temps.

Un brouillard qu’on ne peut pas fuir

L’incertitude ne peut pas être réduite à zéro : elle fait partie de la vie ! Chercher à augmenter sa certitude sur l’avenir serait donc peine perdue. Pire encore : par mécanisme d’apprentissage, chercher à diminuer notre inquiétude va avoir pour effet de diminuer notre tolérance à l’incertitude. En psychologie, on parle d’intolérence à l’incertitude pour désigner la difficulté à accepter le fait qu’il n’est pas complètement impossible qu’un événement négatif puisse avoir lieu, même si sa probabilité est extrêmement faible. Plutôt que de viser à augmenter la certitude, une autre stratégie serait d’accepter notre incapacité à connaître l’avenir. Améliorer notre tolérance à l’incertitude aura pour effet de diminuer notre inquiétude !

Agir au milieu du brouillard

Il s’agit premièrement de distinguer les éléments sur lesquels j’ai une possibilité d’agir de ceux que je ne maîtrise pas. Plus facile à dire qu’à faire ! Cela vaut le coup de s’installer avec une feuille et un crayon pour y réfléchir et poser les éléments dans deux colonnes distinctes.

Là où je peux agir : je passe à l’action. Ainsi, mon énergie est canalisée vers la recherche de solutions puis la mise en action concrète, plutôt que vers les inquiétudes. Différents biais cognitifs vont me compliquer la tâche et nécessiteront que j’organise ma résolution de problème avec méthode. J’insiste sur la mise en action : s’arrêter à la recherche de solution reviendrait presque à poursuivre la rumination des inquiétudes. En outre, les solutions que je mets en place vont améliorer ma situation. Je vais expérimenter que mon action correctement organisée a un effet plus intéressant que mon inaction.

Accepter le brouillard

Là où je ne peux pas agir : j’observe ce qui se passe. Si je n’ai aucune maîtrise sur un événement, est-ce que le fait d’y penser davantage va résoudre le problème ou éviter que le pire n’arrive ? La réponse est non : ma pensée n’a pas de conséquence sur ce qui advient d’extérieur à moi. Ce que les psychologues appellent la pensée magique est une fausse croyance très présente chez les jeunes enfants, qui s’estompe en grandissant, mais reste partiellement présente chez l’adulte. Elle nous pousse à ressasser les soucis, comme pour les conjurer. Mais au lieu de cela, elle nous y embourbe. Prenons le temps d’observer nos pensées, même celles qui sont douloureuses, pour les éprouver au lieu de les fuir.

Saisir la main tendue à travers le brouillard

Dans cette démarche, le chrétien dispose d’un sérieux avantage : il place sa foi en un Dieu omniscient, omnipotent, et un Dieu de relation qui veut son bien. Ce Dieu ne promet pas que la vie sera facile, mais il assure qu’il sera aux côtés de ceux qui le cherchent. Il est aussi prêt à accueillir dans la prière les inquiétudes de ses créatures. Ainsi, elles peuvent se débarrasser de leur soucis en toute confiance et agir sereinement sur ce qui est à leur portée.

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